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Aux origines

Je reprend le concept d'un texte que j'avais écrit il y a six ans (déjà !) Je n'ai absolument pas vu le temps passer. Bon, bien sûr, l'histoire de base est légèrement différente de ce que j'écris maintenant. Mais ce que je pensais alors n'a pas été changé. Enfin bon... Bref... Bonne lecture.

 

   Autrefois, lors de temps très anciens, la paix régnait complètement sur la Terre. Les hommes ne se faisaient pas la guerre, les chiens ne poursuivaient pas les chats, et ces derniers ne tuaient aucune souris pour s'amuser, mais juste pour subsister. Je pourrais vous donner encore beaucoup d'autres exemples, car aucune espèce connue n'échappait à cette règle : les combats inutiles, injustifiés n'existaient pas et ne devaient jamais exister.

    Ainsi, tout le monde vivait heureux, où à peu près tout le monde, car il y avait un artiste peintre que ce monde vexait énormément. Effectivement, si tout allait pour le mieux, que la guerre et la famine n'existaient pas, les couleurs non plus. Tout était en noir et en blanc. Les dieux de l'Olympe avaient jugé que ces dernières n'allaient bien qu'à eux. Et pour quelques autres raisons obscures, les hommes n'en n'avaient jamais vu les contours. Mais ne les connaissant pas, ils ne souhaitaient pas si ardemment les avoir. Sauf notre peintre, qui sentait que le monde serait mille fois plus beau s'il était coloré. Et dans son atelier, il s'imaginait le rouge, le bleu...Il réfléchissait aux endroits où il pourrait les mettre, de quelle couleur serait son atelier, et puis le ciel ? Serait-il marron, jaune ? Sans savoir à quoi cela correspondait, il s'imaginait un monde en couleur, alors que le sien n'en possédait pas. Il nourrissait son imagination des dessins qu'il faisait. Mais en tant que mortel, il ne pouvait aller chercher directement les couleurs chez les dieux.

   Et puis un jour, comme tout à chacun, le peintre mourut. Et comme il avait vécu de façon honnête toute sa vie, on l'autorisa à venir sur l'Olympe, parmi les dieux, pour les divertir de ses peintures (Aphrodite adorait voir son portrait). Ce dernier était infiniment heureux d'être là, car si le monde des hommes n'avait pas de couleurs, celui des dieux en était fourni. Il voyait leur peau de pêche, leur vêtements d'un blanc étincelant, totalement différent du gris sale de sa propre toge. Il admirait l'immensité d'un bleu profond la nuit, et d'un bleu clair la journée. Il restait sans voix devant les pigments qu'on lui donnait pour peindre ; devant le carmin, l'indigo, l'indican, il ne savait plus que dire.

   Aussi, à force de vivre parmi ces couleurs, il tint de plus en plus à les donner à ses congénères hommes. Il commença tout d'abord par se lier d'amitié avec le dieu des arts, avec lequel il s'entendait bien car ils étaient de la même "branche" : Apollon. Ce dernier aidait notre peintre lorsqu'il avait un doute à propos d'une couleur, d'une forme, ou quelque chose de ce genre là et dont le dieu de la matière est souvent utile. Ainsi, au fur et à mesure que le temps passait, l'homme et le dieu s'entendait de mieux en mieux. Ils finirent même par se déclarer amis.

   Alors, un jour qu'ils discutaient tous deux, le peintre osa demander à voir d'où venaient toutes les couleurs. Apollon hésita, et l'homme sut le convaincre. Le dieu lui fit promettre de ne pas y toucher, l'homme jura. Ils allèrent donc dans un espace temps et lieu différent, que les morts et les dieux connaissent bien, et là, cachées soigneusement, à la vue de tous, mais dont personne ne soupçonnerait la présence sans l'aide d'un dieu, se trouvaient les couleurs.

   Elles y étaient toutes. Du bleu jusqu'au rouge, en passant par le vert et le jaune. Même les infrarouges et les ultraviolets étaient présents ! Le peintre n'en croyait pas ses yeux. Il trouvait cela magnifique, et aurait vraiment voulut les partager avec les hommes. Et depuis cet instant, il se jura de mettre sur pied le rêve qu'il nourrissait depuis si longtemps.

   Un jour que les dieux faisaient une orgie sur l'Olympe, et que sa présence n'était pas requise, le peintre retourna là où Apollon l'avait emmené, et vola les couleurs. A partir de là, il se mit à peindre le monde. Il fit le ciel en bleu, comme chez les dieux, et se dit que le Soleil serait sympathique en jaune, qu'il brillerait d'autant plus avec cette jolie couleur. Il coloria l'herbe d'un vert clair et gras, s'amusa à mettre milles et une couleurs à certains animaux, et à certaines plantes, pour imposer une sobriété qui deviendra célèbre à d'autres. Pour s'amuser, il se mit à peindre certaines mêmes espèces d'une manière différente ; ainsi, les pelages des chiens, chats, chevaux et tant d'autres bêtes se ne ressemblent pas. Et les hommes aussi. Il en peind certains en noir, d'autres en blanc, d'autres encore avec un mélange des deux.

   Tant et si bien qu'à la fin, il ne restait plus aucune couleur dans la cachette. Les dieux, voyant le vol ne mettèrent pas longtemps à trouver le coupable. Et Zeus prononça la sentence :

   -Tu seras transformé en arbre, et tu vivras longtemps sous cette forme avant de nous retourner, ainsi, tu verras ce que tu as fait. Tu verras comme les hommes te remercient de ton cadeau "divin".

   Le peintre, plus heureux encore en sachant qu'il verrait le monde en couleur, se demanda où pouvait bien être la punition.

   Il fut donc transformé en arbre. Au début, il poussait fièrement, malgré les petites feuilles et les branches fines qu'il avait. Et puis, il vit ce que les dieux voulaient lui montrer. Les chiens s'apercevant que les chats n'étaient pas comme eux, se mirent à les détester. Ces derniers, aimant soudainement la couleur du sang, égorgeaient des souris sans raison autre que celle de s'amuser. Et les hommes, ne comprenant pas qu'il n'y avait pas de différence entre noir et blanc s'entretuaient, se réduisaient en esclavage, se volaient, se détestaient.

   Infinimment malheureux de voir ce résultat, le peintre-arbre se courba, se pencha, pour pleurer. Ses branches tombèrent, ses feuilles suivirent le chemin. Et depuis, il continu de pleurer, encore et encore...



01/01/2010
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