nouvellesidiotes.blog4ever.com

nouvelles, littérature, jeunesse,

La vieille dame

Heu... Une nouvelle que j'aime bien. Je pense que j'ai travaillé sérieusement dessus !

PS : Papa, si tu passes par là, saches que ton clavier est vraiment dur ! Faut taper dessus pour avoir les lettres ! >_<



Au début, c'était effrayant.

Imaginez que, dès que vous fermez les yeux, une autre réalité s'offre à vous. Imaginez que vous ne voyez plus d'immeubles, plus de meubles, plus de foule, plus de houle, plus de vie, plus d'ici.
Vous voyez un monde noir, sans espoir, qui soudain s'éclaire par la présence d'une sorte de lierre. Ce dernier monte, descend, grandit lentement et de plus en plus rapidement. Il forme des arcs, des rondes, des formes profondes.
Et tout cela, de quelques tâches se pourvoit. Ainsi qu'une goutte tombe dans une flaque, ces tâches d'encres étaient lâchées entre les arcs.

Et tout ceci faisait un monde.

Au début, ce lui parut immonde, à elle seul qui le voyait. D'ailleurs, elle ne comprenait pas la singularité de ce don, ni en quoi il pourrait lui être utile. Elle en avait tellement peur qu'elle n'osait plus fermer les yeux. La présence de la "vraie" réalité était beaucoup plus rassurante. Elle pouvait toucher tout ce qu'elle voyait. Alors que la "fausse" réalité ne lui offrait pas cette chance. Elle pouvait juste observer.

Par la suite, il fallut bien fermer les yeux. Elle s'y résolut. Mais ce ne fut pas sans peine. Elle avait l'impression d'avoir des chaînes, que personne ne voulait lui laisser le plaisir de voir et de toucher à la fois.

Alors qu'au début, les arcs grandissaient comme le cuir chevelu, de manière anarchique, sans aucun ordre logique, il s'organisa au fil des mois.
Plus elle l'observait, plus il se rangeait. La "fausse" réalité devenait quelque chose qu'elle pouvait manier. Et bien qu'elle ne puisse la toucher, elle était sous sa volonté.
Elle fit de sorte que le lierre vive sans cohorte. Si avant, il grandissait comme un enfant, n'importe comment, plus le temps passait et plus il se disciplinait. Si elle voulait qu'il tourne à gauche, il se tordait, vibrait, mais finissait par tourner.
Les tâches, quant à elle, devenaient demoiselles. Après n'être que des points désordonnés, des enfants mal éduqués, elles aussi, se disciplinèrent pour former enfin des formes prospères.

Par la suite, ce devint plaisant, que de fermer les yeux pour admirer la croissance de ces enfants. Plus elle les observait, plus ils grandissaient, pour ne jamais s'arrêter. Ils prenaient les formes qu'elle voulait, et même si ce ne lui semblait mirobolant, pour d'autre, c'était déjà impressionnant.

D'ailleurs, ces formes l'inspirèrent. Et a tous, le souffle coupèrent. Elle écrivit des choses si plaisantes, si jolies, que tous, même ceux qui n'étaient pas ses amis, la félicitèrent. Ils étaient tous sincères.

Alors qu'elle n'était pas encore vieille, elle sut ce qu'elle ferait avec ces merveilles. Pour elle, écrire était devenu sa vie, ses envies. Elle passait ses journées, ses soirées à composer. Rien ne parvenait à la retirer de son ouvrage. Si elle pouvait autrefois paraître volage, c'en était fini à cet âge.

Bien évidemment, elle reçut moult présents. De toute part, chacun voulait la remercier d'avoir partagé ses enfants.
Comment écrire autrement, la question se posait souvent. Elle avait répondu, et ses équivalents étaient comme des enfants devant un jouet tant voulu.

Enfin, il fallut qu'elle meurt. Pour tous, ce fut une grande heure. Ses amis comme ses ennemis étaient rassemblés ici, et pleuraient, comme on pleure une grande dame, dans un style mélangé d'ironie et de drame.
Mais elle, dans sa dernière demeure s'en moquait bien, car enfin, elle avait réalisé son souhait : voir éternellement ce qu'étaient devenus, ses beaux enfants.




12/09/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres