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Reprenons. De nos temps, il existe une confrérie secrète et plus sectaire que celle des francs-maçons : les pintades suicidaires. Leurs activités tiennent du mystère le plus complet, personne n'ayant jamais pu les percer. Leurs membres sont d'une absolue discrétion, c'est pourquoi nous ne connaissons ce mouvement que d'après les agissements d'Anne et Anne. Ce sont les deux membres les plus célèbres de la confrérie. Et malgré leur célébrité, personne n'a pu deviner de leur comportement les activités et les buts des pintades suicidaires.

Ces illustres membres se firent connaître lors de l'enquête qui se tenait à l'époque sur de nombreux et assez mystérieux suicides. Le phénomène prenait tellement d'ampleur que même deux adolescentes telles Anne et Anne finirent par se sentir impliquées. Trois membres de leurs familles avaient succombé à cette épidémie. Du moins, on pensait ces gens possédés car il n'y avait pas de situation particulière qui aurait pu provoquer des suicides de masse. Quelques grèves dans les usines chinoises, mais elles seraient bientôt matées.

Anne et Anne suivaient avec intérêt l'évolution de l'enquête à la télévision, mais finirent par admettre qu'elle n'avançait pas beaucoup. Comme elles avaient faim, elles décidèrent daller au snack du coin pour commencer leurs investigations personnelles. Le restaurateur les servit, la mine triste. Il allait bientôt devoir fermer boutique. Tous ses clients ou presque étaient sur la liste des suicidés ; l'argent ne rentrait plus et la police le soupçonnait. "Mais de ce coté-là, je ne crains rien, ils soupçonnent tous les restaurants et bars du coin." Après quelques heures de réflexion, ce détail interpella Anne. "Pourquoi la police les soupçonne tous ?" Elles réveillèrent le commerçant pour le lui demander. "Il paraît que tous les suicidés étaient des accros. Et vous aller rire, des accros du Schewppes ! C'est peut-être la fille de la pub qui les a ensorcelés... Maintenant dégagez ! Non mais pour qui elles se prennent à réveiller les gens à trois heure du mat'...!" Après avoir accepté la chaussure que l'homme leur offrit en cadeau, Anne et Anne rentrèrent chez elles.

Ce qu'elles venaient d'apprendre les laissaient perplexes. "Ce type nous a raconté n'importe quoi ! Je ne comprends rien du tout ! Bon, pas la peine de s'énerver. Prenons un Schewppes, ma mère en a acheté, ça nous aidera à réfléchir." Cette idée fut leur salut. Elles trouvèrent rapidement la marche à suivre. Enquêter auprès de tous les commerçants au sujet de leur fournisseurs.

Quand venaient-ils, combien de tonnes de marchandises livraient-ils, s'il était possible d'avoir un rabais, si le gout light était aussi bon que le normal.

Les commerçants furent très coopératifs, mais répondirent tous la même chose : "Nous renouvelons nos stocks tous les jours. Et vous pourrez en avoir, ne vous inquiétez pas. Non, je ne baisse pas les prix, même pour deux demoiselles aussi charmantes que vous. Pour le light, je vous en offre un chacune. Vous m'en direz des nouvelles. Les filles au régime se l'arrachent."

Comme personne ne leur répondait de manière satisfaisante, et qu'elles sentaient bien qu'on leur mentait, Anne et Anne décidèrent d'aller faire une petite escapade discrète dans les entrepôts de la marque.

"Jeunes filles, vous n'avez rien à faire ici." Surprises, elles se rangèrent au meilleur avis, et firent ce qu'elles devaient faire. "Posez ces bouteilles... Oh, non, merci, je connais l'effet de ce truc... C'est tellement abominable que ça devrait pas exister... Regardez-vous... Non ! Ne faites pas ça ! Ne faites pas ça, sinon, je tire !"

Leurs corps troués de quatre balle passa aux informations de treize heures.

Quand la grand-mère l'apprit, en revenant de la cuisine, elle hurla et fit tomber les petits gâteaux.