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L'Inconnu

Il était grand, fort, musclé malgré sa taille de guêpe, avait de longs cheveux raides et blonds qui lui tombaient jusqu'aux hanches, de magnifiques yeux d'un bleu mystérieux, couleur de mer. Son boulot à lui était simple, on lui envoyait un ordre ; il l'exécutait. Tuer quelqu'un ? Aller chercher une bouteille de lait ? Il fallait juste demander et contre quelques rétributions, il achevait sa mission dans les meilleurs délais. On ne s'était jamais plaint de ses services ; toujours propre et discret, personne n'avait encore retrouvé sa trace. On ne savait pas qui il était et à force, on lui avait attribué le surnom d'"Inconnu".

 

-L'Inconnu a tué un noble ; buvons à sa santé ! Vive l'Inconnu !

 

Et il buvait. Sa vie s'écoulait, il gagnait à chaque fois un peu plus en célébrité, buvait à chaque fois un peu plus et un peu plus longtemps. Il s'amusait bien et n'était pas seul. Certes, il avait sa planque, mais il venait parfois dans un repère collectif de malfrâts, histoire d'occuper son temps en bonne compagnie.

 

Un jour, pour vous donner un exemple, il avait reçut une missive : "Faire mourir telle fille de riche". A partir de là, il s'organisait. Comme elle était connue, il allait infiltrer son attelage. Première étape : couper ses cheveux et les teindre en un bleu mauve. Mettre des vêtements de paysan et prendre l'accent. Un jeu d'enfant. Se faire embaucher comme garçon, prendre ses bagages, baisser la tête en sa présence, soumission partielle. Les voiles élégants de sa robe passe devant ses yeux.

 

"Une femme fait souvent plus de mal qu'un homme, dès qu'elle est belle ou intelligente."

 

Réflexion à part, ils partent. Au début, tout se passe bien. Il assomme et cache dans les fourrés sont compagnon de route. Il y a plus de place derrière la calèche maintenant. Le cocher est un niais, il ne posera aucun souci. Il s'éclipse un instant, met le feu à un bosquet et dirige la fumée droit sur la calèche. il faisait chaud, on attendait la pluie, le feu prit à merveille. Les chevaux s'emportèrent, il proposa au cocher d'en prendre un pour prévenir les villageois, lui tenterait de mettre mademoiselle en sécurité. A peine éloigné, il ouvrit la porte de la calèche. Face à face. Lui ne la tueras pas. Une claque sur le cul du cheval, mademoiselle l'a vu, sûrement reconnu, il est fait. Son sort dépendra toutefois de la chance, mais pas de sa main.

 

Il file doux, sa première mission ratée. Il se ballade un peu, philosophe sur son échec, pratique son auto-thérapie : "se méfier des femmes, toujours se méfier des femmes." Dans sa grande cape, il se sent en sécurité. Il lui faudra sûrement teindre de nouveau ses cheveux et se cacher plus précisément qu'auparavant. Elle est la seule à se souvenir de son visage. Se mutiler, peut-être pour ne pas qu'elle le reconnaisse. Il rentre chez lui mais se sent suivit. La présence d'une femme. Il fait plusieurs tours, tâche de la démasquer. Impossible, elle reste invisible, cachée derrière les coins de murs qu'il ne peut pas voir. Anxieux, il préfère tout de même aller chez les autres. S'ils se font prendre par sa faute, ça n'a pas de réelle importance, lui est sûr de pouvoir s'échapper, parce que c'est son truc. Étrangement, ce soir-là, les copains ont à faire ; il n'a pas vraiment de chance ; faudra boire tout seul.



28/05/2010
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