nouvellesidiotes.blog4ever.com

nouvelles, littérature, jeunesse,

Dies Contemptio (5)

C'est la rentrée des classes, alors je suis pas mal occupée, entre le choix des cours et les papiers administratifs... c'est pour ça que dès que j'ai une minute, j'ouvre mon cahier et j'écris la suite. Vous l'avez constaté, je n'ai pas souvent une minute de libre... désolée ^^'

 

 

 

 

 

Le devin ramena Eyma à l'intérieur. Il allait aider la jeune fille, mais avant cela, il voulait consulter les dieux. Il craignait leur jugement et redoutait que donner des pouvoirs à Eyma ne soit contraire à leur volonté.

Il s'assit au centre de l'unique pièce de la cabane. Il sortit des dés de sa proche, les prit à deux mains et demanda à Eyma de s'asseoir. Elle se mit en face de lui et regarda attentivement ce qui se passait.

Le devin fit s'entrechoquer les dés dans ses mains, d'un rythme régulier et ininterrompu. Il fixait intensément Eyma. Ce regard, posé sur elle, aspirait la jeune fille, elle ne voyait plus rien d'autre. La pièce s'était assombrie, et une brise légère semblait provenir des mains fermées du devin. Il semblait alors contenir ce qui avait été des dés, mais qui à présent ne l'étaient plus. Une puissance étrange mais extraordinaire avait envahie la pièce.

Soudain, il ferma les yeux, et quand il les rouvrit, ils étaient blancs comme lait. Un grondement sourd se fit entendre et Eyma comprit qu'il était possédé. La crainte la paralysait, mais ce qu'elle savait ensorceler le devin ne l'effrayait pas. Elle redoutait ce qu'il allait dire bien plus que ce qu'il pouvait faire.

En réalité, il ne dit rien. Il fixait Eyma, de ses yeux vides. Son regard se fit de plus en plus terrible, il lui glaçait le sang. Elle avait l'impression qu'il lisait en elle, comme un livre ouvert, qu'il l'examinait sous tous les anglais, qu'il fouillait son passé, qu'il vérifiait chacune de ses actions. C'était pire qu'être nue, car sa peau ne pouvait pas cacher ses pensées, ses espoirs, ses craintes, ses rêves. Ses désirs de vengeance.

Tout à coup, tout s'arrêta. Le devin rouvrit les mains, lâcha les dés et la cabane reprit son aspect normal. La séance était terminée.

Le chiffre sept s'affichait sur la face des dés : il fallait en conclure que les dieux étaient favorables à l'entreprise d'Eyma... il fallait croire qu'ils condamnaient la sorcière rouge.

Le devin se leva, et dit à Eyma de se préparer. Elle lui demanda ce qu'il avait vu, mais il ne voulait pas répondre. Il avait l'air bouleversé.

Il fit asseoir Eyma sur le lit et prit sa main. Avant de réveiller ce qu'elle voulait réveiller, il voulait lui montrer ce qu'il allait faire : il sortit une aiguille à coudre de sa poche et la frotta contre sa cuisse. Un fil bleu, tenu mais étincelant, apparut peu à peu dans le chat de l'aiguille. Alors, au-dessus de la main d'Eyma, le devin se mit à faire comme s'il était en train de broder. Malgré la qualité surnaturelle du fil, Eyma ne put s'empêcher de sourire en le voyait faire sa broderie en l'air. Il leva les yeux sur elle et lui dit de regarder sa main.

Un motif bleu s'y dessinait, au fur et à mesure que le devin faisait sa couture. C'était une jolie petite fleur qui brillait sur sa peau. Le devin levait pour la dernière fois l'aiguille lorsqu'Eyma ressentit une vive douleur à la poitrine, à l'endroit même de sa blessure. Le devin ne semblait pas surpris. La douleur s'accrut et devin presque insupportable. On tirait sur ses chairs meurtries, on mettait les doigts dans la plaie, on refaisait couler le sang. Sur sa peau, tout était déjà refermé, ce qui faisait que sa douleur était la pire des douleurs : celles qui sont renfermées à l'intérieur de nous-mêmes et dont la cause est notre corps lui-même. Elle pleurait en silence ; elle avait trop mal pour parler. Elle questionnait le devin du regard,. Il daigna enfin lui répondre.

Cette broderie sur sa main éveillait un peu ses pouvoirs, mais si jamais elle se blessait, alors la broderie disparaîtrait en la soignant. Et effectivement, la fleur s'effaçait. Lors que tout serait effacé, alors Eyma n'aurait plus de pouvoirs. Cette fleur, c'était juste pour lui montrer, elle était trop petite pour entraîner la moindre conséquence, mais le dessin qu'il ferait, puisque tel était son désir, si jamais il venait à être effacé, alors Eyma devrait faire une croix définitive sur la magie.

La jeune fille hocha la tête. La douleur s'estompait avec le dernier pétale de la fleur. Elle défit le bandage de sa poitrine. Sa peau était aussi blanche que celle de sa main.



19/02/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres