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Les trois filles qui ne se supportaient pas.

 

 

L’autre jour, il m’est arrivé un truc dingue. Mais vraiment dingue, hein. Je parle pas des histoires de quand je suis bourrée ou défoncée… Non, je parle d’une histoire vraiment sérieuse, comme on en voit dans les films et tout. Bon. C’est vrai que dit comme ça, ça paraît tout de suite beaucoup moins sérieux. Mais je vous jure que ça me pourri bien la vie, maintenant.

        Aller, je me lance, je vous raconte. Ne riez pas, hein, c’est du sérieux. J’insiste, parce que j’ai pas l’habitude de dire des trucs sérieux et j’ai pas non plus l’habitude d’être écoutée sérieusement. Si je racontais ça à mes potes, ils se moqueraient tous de moi.

        Je suis allée à une soirée, avec mon gars, parce que je pensais que ce serais encore l’occasion de se défoncer un bon coup. On a rien d’autre à faire sur cette terre, alors autant passer le temps à s’amuser avant de mourir. Yen a qui disent « faut pas faire ceci, faut pas faire cela » mais pour qui ? Pour quoi ? Pour Dieu qui m’a foutu dans cette misère ? Pour les profs qui ne sont intéressés que par leur salaire ? Pour ces putains de parents ? Non, je ne pense pas qu’ils en vaillent la peine. Donc, j’étais décidée à bien m’amuser.  Mais il y avait cette… Marie et Lorelei. Dans le genre pas marrant, elles le sont à fond les ballons. Marie a un balai coincé dans le cul et Lorelei… c’est encore pire. Quand je me prenais une heure de colle, elle avait un vingt, qui faisait bien plaisir à tout le monde. Mon parfait opposé.

 

        Donc, à cette soirée qui s’annonçait parfaite, virent les deux filles que j’aimais le moins. Oui, j’ai l’habitude de beaucoup traîner avec des garçons, mais j’ai aussi des amies. Seulement, elles, je peux pas les encadrer. C’est pas grave, me direz-vous, je m’avais qu’à les ignorer. Je suis allée leur souhaiter bonne soirée, et comme elles avaient l’air aussi ravies que moi de me voir, je me suis tirée vite fait de l’autre côté du bateau. Ah oui, j’ai oublié de préciser, en fait, c’était une soirée plutôt chicos sur un yacht. Du coup, pas de beus ni de bière. Du champagne pour riches et impossible de faire monter mon copain, ils ne prenaient que sur invitation. J’ai voulu laisser tomber avant même de monter, mais le type m’a dit que je ne le regretterais pas… J’aurais mieux fait de me tirer vite fait.

 

                A mon avis, Gabi à dût penser la même chose. Se tirer vite fait. Moi, j’ai l’habitude des soirées bien habillées. Elle non. En jean, complètement déchiré, et tee-shirt bien trop serré, elle s’est pointée, elle a osé me dire bonjour et elle s’est tirée. J’ai bien vu Marie, mais comme d’habitude, elle reste dans son coin. Trop timide pour dire bonjour aux gens qu’elle connaît. Ridicule.

        Mais même sans savoir qu’elles seraient là, je n’aurais pas du venir. Enfin… aujourd’hui, moi, je ne regrette pas trop, mais je comprends que Gabi et Marie ait voulut que cette soirée n’ai jamais eu lieu. Disons juste qu’il faut maintenant que je fasse encore plus attention à ce que je dis. Et c’est ça le plus dur. Il y a aussi un autre inconvénient, que les filles n’ont pas subi, et c’est vrai que c’est bizarre. Et faudrait que je les contacte pour leur en parler. Mais j’ai absolument pas envie. Elles sont vraiment trop connes.

 

         Maman m’a conseillé d’y aller. Parce que je ne sors jamais dit-elle. Parce que je pourrais rencontrer des gens, son futur gendre et comme elle est partie dans son délire et qu’elle m’a énervée, j’ai promis d’y aller. Après tout, une soirée à se faire chier, ça ne me semblait pas vraiment énorme. Surtout quand on regarde la longue vie que je souhaitais avoir. Je pense qu’aujourd’hui, je suis servie. Ah ! Pourquoi faut-il toujours souhaiter ce qu’on a pas et maudire ce qu’on a ? Ah ! Si jamais rien de tout ça ne s’était passé…

         Je vais vous le raconter. Parce qu’on dirait pas comme ça, mais je suis la plus courageuse de nous trois. C’était la même ambiance que dans les films d’horreurs. Vous savez, au moment où tout ce passe bien mais qu’on sait que quelque chose va arriver. Qu’un monstre va tuer le personnage principal. Que sa jolie copine aux jolies formes va perdre la tête (au propre comme au figuré)… J’avais pris une flûte de champagne, mais découvert par la même occasion que je n’aimais pas ça. Je n’avais pas envie d’aller le reposer alors que j’avais juste bu une gorgée. Alors j’attendais un moment pour le jeter par-dessus bord, en gardant mon verre dans la main, comme une idiote.

         Et puis c’est arrivé. A vrai dire, malgré tout mon courage, je n’ai pas envie de vous raconter exactement ce qui s’est passé. Tout d’abord parce que c’est très gênant. Non, je vous assure. Vous auriez été là, vous n’auriez même pas voulu commencer à lire ce texte tellement la honte vous monterais au visage. D’ailleurs, les autres personnes qui s’y sont reconnues ont déjà stoppé leur lecture. Demandez autour de vous, voir… Dans tous les cas, vous ne saurez pas ce qui s’est passé.

 

                La conséquence c’est que j’ai eu cette putain de queue de poisson à la place des jambes, Marie ces saloperies d’ailes dans le dos et Lorelei, comme d’habitude, elle est la mieux lotie, ces pouvoirs bizarres. Mais je dois avouer que sans elle, on aurait dans un sacré pétrin. Pour moi, impossible de monter dans la barque, le seul reste du yacht sur lequel on avait débuté la soirée. Et pour Marie, impossible de s’y asseoir. C’était pas assez stable. Oh la honte, quand j’y repense…  Comment a t on pu tomber si bas ? Enfin, maintenant, il faut faire avec. Mais du coup, j’aurais bien aimé que mon gars soit avec moi. Histoire qu’il ait un truc aussi et qu’on puisse en parler. Je suis toute seule, je ne peux pas en parler. Impossible. Trop la honte.

        Lorelei a été gentille de bien vouloir nous aider. Elle a caché ma queue et les ailes de Marie. Et puis on est rentrées chez nous, après avoir échangé nos coordonnées bien évidemment, parce que si on a un problème, il n’y a qu’à elles deux que je peux en parler, et elles pareil. Oui, oui, on était pas les seules sur le yacht, c’est vrai. Mais dans la barque, on s’est retrouvées toutes les trois. Et ça, c’était pas possible de changer. Non, vraiment, quand j’y pense, c’est trop la honte… Je ne sais plus pourquoi je l’écris. C’est vraiment pas quelque chose dont on peut parler.

 

                C’est vrai qu’au début, Marie et Gabi ont pensé que j’étais la mieux lotie. J’avais de quoi m’amuser, et en même temps, ça ne me procurait aucun désavantage. Jusqu’à ce que je rentre chez moi. Non, parce qu’en fait, sur la barque, j’ai senti que je pouvais des trucs…incroyables ! J’ai su comment cacher les trucs des filles et comment mener la barque à la maison. Mais quand j’ai été devant mes parents… L’horreur. Je pouvais entendre ce qu’ils pensaient.

 

-Salut !

-Bonsoir.

-Coucou !

-Tout va bien ? Vous avez bien suivit mes conseils… ?

-Mais oui, t’inquiètes. Tant que ya pas d’eau, ton sort marche comme sur des roulettes. Je marche comme tout le monde. Ils pourraient même me croire humaine.

-Dites…Est-ce que Messenger a accès nos conversations… ?
-Je ne crois pas.

-Même s’il y a avait accès, il penserait que ce ne sont que des délires de jeunes filles. Ne te tracasses pas à ce sujet… t’as déjà d’autres problèmes…

-Qu’est-ce que tu sous-entends ? Tu veux dire que je suis une attardée ou quelque chose comme ça ?

-Oh, ça suffit, vous n’allez pas commencer !

-Toi, on sait que t’as des problèmes, pas la peine de la ramener.

-Non, mais ! Comment elle me parle l’ange ! Tu verrais, si t’habitais pas aussi loin, ce que je te ferais subir, moi !

-Quelle menace… Mais il est vrai que les gens aussi petits que toi ne règlent que leurs conflits par la violence…

-Ca y est, madame joue les grands airs ! Eh ! Dégonfle, poupée !

-Je ne suis pas un ange ! Je ne suis pas un ange ! Arrête de dire ça, petite sirène !

-Hey ! Je ne suis pas une petite sirène !

-Arrêtez vos gamineries ou je vous prends la parole !

-Je suis immunisée contre tes sorts idiots !

-La même !

-Comment ça ?

-Ah, tout de suite, ça intéresse madame, de savoir qu’elle n’est plus sur le podium. Et bah non, tu ne peux plus rien nous faire ! Que ce qu’on veut que tu puisses nous faire, sinon, tu l’as dans le baba ! Et encore, je ne te raconte pas tout, tu serais verte de jalousie, et donc, insupportable.



04/12/2010
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