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La porte des Pintades

Spéciale dédicace à celle(s) qui m'a (m'ont) aidée(s) à faire cet épisode !

Et pour ceux qui ne connaissent pas les Pintades, faites donc un tour (avant ou après) vers Les Pintades suicidaires ! (la genèse...)

 

 

 

  Un jour, Anne était dans son laboratoire. Elle travaillait. A ce moment, Anne entre. Anne était alors sur le point, grâce à un calcul mathématique savamment organisé, de trouver le sens de la vie. Sa réflexion fusait de toutes parts ; son crayon avait du mal à suivre, il fallait qu'elle reste concentrée ou ses idées s'en iraient avant qu'elle ait pu les noter, ce qui aurait pour conséquence désastreuse de replonger dans l'ignorance l'humanité à propos du secret du sens de la vie.

   Mais Anne était entrée.

   -Ferme la porte, s'il te plaît, ça va claquer.

   -Ah bon ?

   C'était terminé.  Anne posa son crayon. Son regard n'avait plus aucune innocence. Elle regarda Anne, qui visitait son laboratoire comme un musée, ou un magasin, en touchant à tout, en lisant les travaux d'Anne sur son bureau. Elle savait qu'Anne ne fermerai pas la porte, et que celle-ci allait claquer. Elle avait posé son crayon, mais la ligne sur sa feuille n'était pas finie.

   Et puis tout alla très vite. Ce jour-là, un orage se préparait. Un violent coup de vent fit claquer la porte.

   Anne le savait. Mais elle ne se doutait pas des conséquences que cette négligence allait engendrer.

   Anne avait fini son tour. Elle voulait sortir.

   -Anne, la porte est bloquée... J'arrive pas à l'ouvrir...

   Après avoir pensé que, décidément, aujourd'hui, Anne se foutait vraiment d'elle, qu'elle avait vraiment envie qu'on la voit, et après lui avoir dit de cesser cette comédie et être allée vérifier par elle-même l'état de la porte, elle dut se rendre à l'évidence. La porte était bloquée.

   -Appelle un serrurier...

   -Ya pas de téléphone ici. T'as ton portable ?

   -Je l'ai laissé dans le salon... Faut crier à la fenêtre je crois.

   -Elle donne sur le fond de l'impasse, où personne ne passe... Et les voisins sont en vacances. On est coincées.

   -Mais il faut qu'on sorte ! On doit manger !

   -Attendons, elle va peut-être se débloquer toute seule.

   Elles attendirent. La porte ne s'ouvrit pas. Elles tentèrent de casser la serrure, de la démonter, d'ouvrir le loquet comme dans les films de voleurs. Nada, rien, niente. La porte restait fermée.

   Alors Anne se mit à passer un savon à Anne. C'était sa faute tout ça, elle n'avait pas fermé la porte, alors que, tout de même, ce n'était pas bien sorcier ! Et à cause de ça, de cette intrusion, de cette distraction, elle n'avait pas pu finir d'écrire sa formule ! Le sens de la vie lui avait échappé à cause d'une soupe-au-lait qui ne ferme pas les portes !

   Anne répliqua qu'elle allait fermer autre chose, mais de façon si illettrée qu'on ne la rapportera pas. Les coups qu'elles échangèrent, malgré leur nature plus concrète, ne laissèrent pas plus de traces que ça dans ce récit. Il en fut autrement sur leurs visages.

   Une fois calmées, elles se prêtèrent à la réflexion. Elles devaient collaborer si elles voulaient s'en sortir. Alors elles s'organisèrent. Anna cessa d'en vouloir à Anne (c'est du moins ce qu'elle disait) et Anne réfléchissait à une solution. Peut-être auraient-elles dût faire l'inverse. Quoiqu'il en soit, ça ne fonctionna pas. Anne refusait de rien faire, parce que pardonner l'occupait déjà assez comme ça. Anne, elle, n'avait aucune idée sur ce qu'elle devait faire. Et Anne ne voulait pas qu'on lance de chaise sur la porte. Elle disait qu'en plus d'être enfermées, elles devraient s'asseoir par terre. Quitte à mourir de faim, elle voulait mourir assise sur sa chaise. Le sol était dur et froid.

 

 

  La grand-mère fit tomber les petits gâteaux quand elle apprit, en revenant de la cuisine, par le journal de vingt heures, qu'on avait trouvé les corps de deux colocataires, mortes de faim dans un bureau.

   -Je les ai trouvées alors que je leur apportais un gâteau de mon invention, ma spécialité, un serrurier... confessait un voisin au micro du journaliste, les larmes aux yeux.



30/08/2012
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