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La grande pintade

Et une nouvelle histoire des pintades ! Elle change un peu de d'habitude, je ne sais pas si ce sera réussit...

 

 

 

    Reprenons. De nos temps, il existe une confrérie plus secrète et plus sectaire que celle des francs-maçons : les pintades suicidaires. Leurs activités tiennent du mystère le plus complet, personne n'ayant jamais pu les percer. Leurs membres sont d'une absolue discrétion, c'est pourquoi nous ne connaissons ce mouvement que d'après les agissements d'Anne et Anne. Ce sont les deux membres les plus célèbres de la confrérie. Et malgré leur célébrité, personne n'a pu deviner de leur comportement les activités et les buts des pintades suicidaires.

    C’est à une sombre affaire qu’elles durent leur notoriété. Pourtant, tout avait commencé normalement. Anne et Anne avait été invitées à une fête. Elles y étaient allées. A leur âge, c’était encore une fête sympathique, gaie, joyeuse, innocente, en tout cas. Néanmoins, il y avait quelque chose que les parents n’avaient pas vu, qui réjouit beaucoup les fêtards, mais qui en aurait fait rire jaune plus d’un. D’ordinaire, Anne ne touchait jamais à ces boissons sucrées au nom imprononçable. Elle savait bien le danger, mais ce soir-là, si elle n’en n’avait pas prit, on l’aurait exclue. Anne aurait été séparée d’Anne. Alors, elle l’avait fait. Sur le coup, elle n’était pas très fière, mais finalement, elle se sentait mieux avec sa dose. Les problèmes s’envolaient avec les bulles ; il n’existait plus que le souci de ne jamais en manquer.
    Toutefois, les histoires d’addiction sont trop banales pour rendre la notre intéressante.
    La boisson qu’affectait particulièrement Anne avait un effet secondaire : il la faisait grandir. D’apparence, ce problème n’en n’était pas un, surtout pour Anne. On pourrait s’attendre à un « mais », cependant, comme on le sait tous, avant qu’un problème ne se dévoile comme problème, il reste un assez long moment un avantage, un bénéfice, voir un don du ciel. Anne grandit. Elle atteignit bientôt les placards du haut, puis les plafonds. L’addiction croissait proportionnellement avec sa taille. Elle devint le sujet d’émissions dans lesquelles elle racontait sa vie. Etrangement, elle ne souffrait pas des maux du gigantisme. Peut-être le sucre bouchait-il les canaux de la douleur ? On n’en savait rien. Et puis, à part les journaux qui dénonçaient les capitalistes qui mettaient le profit avant la santé des consommateurs, Anne n’intéressait personne.
    De toute façon, ce qui intéressait Anne, ce n’était pas ces journalistes. C’était sa boisson. Sa famille, ses amis, les scientifiques, les politiques, les journalistes, n’importe qui, un gars dans la rue auraient pu lui faire des reproches, elle s’en moquait. Pour leur faire plaisir, elle disait oui, et recommençait à boire dès qu’ils avaient le dos tourné.
     Aussi finit-elle par être plus grande que sa maison, qu’un petit immeuble, qu’un immeuble, qu’un grand immeuble. Elle ne voyait plus Anne. Enfin, elle ne voyait plus grand monde vu la taille qu’ils faisaient. En revanche, elle arrivait toujours à boire. De toute façon, grande comme elle était, les autres ne pouvaient plus l’obliger à quoique ce soit. Elle les écrasait.
    Une fois, ils tentèrent de lui faire un croche-patte. Mais au dernier moment ils se souvinrent que si Anne tombait, elle allait tous les écraser. Ca mis un froid, et on en resta là.
    Ce serait répétitif de dire qu’Anne grandissait encore. Personne n’y comprenait plus rien. Elle était bien trop grande, c’était contre-nature. Mais étrangement, plus le temps passait, et moins on s’occupait d’elle. Finalement, elle put profiter de sa taille, et faire ce qu’elle voulait. Elle alla écraser la maison des gens qu’elle n’aimait pas. Elle obligea des gens à s'entendre en les enfermant dans une pièce dont ils ne pouvaient sortir. Elle fracassa le haut des immeubles pour qu'ils soient tous de la même taille et empêchait quiconque d'en construire un plus haut que les autres. On s'habituait. Devant elle, tout le monde était sympathique et s'entendait bien. On respectait en sa présence toutes les règles stupides qu'elle dictait par sa force de géante.
    Et puis un jour, il fallut bien que cela arrive. Anne atteignit bientôt les nuages. Le problème est qu'à cette altitude, elle n'avait plus assez d'oxygène pour pouvoir respirer. En manque de cet élément précieux, sa drogue vitale, Anne finit rapidement par s'écrouler, écrasant dans sa chute tous ceux qui avaient obéit à ses règles stupides. Aller savoir comment, certains avaient calculé l'angle de chute et s'étaient réfugiés dans des contrées sûres depuis déjà un bon moment.

    Quand la grand-mère revint de la cuisine et vit cette nouvelle à la télévision, elle hurla et fit tomber les petits gâteaux.
    Le grand-père, qui regardait aussi les informations ce jour-là ajouta : « eh bah heureusement qu'on y était pas. »



26/12/2011
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