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L'histoire d'une jeune fille qui dormait tout le temps

Une ancienne histoire, de l'année dernière. En espérant que la personne pour qui je la recopie ici (pour la troisième fois consécutive T_T") s'en souviendra et appréciera la fin ! =D
(Petit détail d'écriture, ne faites jamais comme moi, c'est très pénible de changer tout le temps de police, et de se souvenir quelle police, quelle taille et si c'est italique ou gras pour tel ou tel personnage >.<")



Oui, oui, je me souviens de cette fille. Cette fille qui dormait tout le temps.

Moi aussi, je me souviens, de ce garçon qui m'attendais-là.

Elle dormait toujours. Sans jamais s'éveiller. Sans comprendre, je l'attendais.

Il était toujours là. Sans jamais s'impatienter. Et sans comprendre, je m'éveillais.

Je ne sais plus quel âge j'avais réellement. Peut-être treize, peut-être seize. Je sais juste que la fille qui dormait tout le temps, dans le bâtiment secret du chef de ma famille était le centre de mon monde. Je trouvais ça bizarre de dormir tout le temps. Je pensais encore qu'il s'agissait d'une maladie. Mais lorsqu'on parla de la débrancher et qu'elle commença à hurler pour vivre, je n'eu plus de doute. Cette fille  n'était pas normale.
Mais commençons par tout vous expliquer depuis le début.
Je m'appelle Asahi, je suis japonais, et mon histoire -ou plutôt l'histoire de la fille qui dormait tout le temps- se situe environ avant la seconde guerre mondiale. A cette époque-là, vivre en famille n'était pas inhabituel. Certaines familles avaient d'immenses domaines, comme la mienne, ce qui lui permettait de ne vivre que sur ce qu'elle produisait, et de vendre le reste, en cercle fermé. Ainsi, nous vivions dans des maisons qui représentaient un petit village, avec nos champs tout autour. En tant que jardinier du chef de famille, j'avais le droit d'approcher les bâtiments principaux. Bien sûr, j'étais tenu au secret. Je ne devais raconter à personne ce que je voyais ou entendais. Ma vie dans les bâtiments du chef de famille devait rester secrète. D'ailleurs, j'avais ma chambre dans une partie annexe, réservée aux employés comme moi. N'étant pas d'une branche importante de la famille, c'était tout ce que je pouvais espérer de mieux ici. Ainsi, je passait mon temps à tailler des arbres, à tondre des pelouses. Ce n'était pas très fatiguant, d'autant plus que beaucoup de personnes de la famille s'occupaient eux-mêmes de leurs jardins. J'étais juste-là pour les fainéants. Aussi, j'avais souvent mes après-midi de libres. Je ne m'en servais pas pour réviser des matières superficielles telles l'histoire ou la géographie, mais pour aller espionner la jeune fille qui dormait. De style traditionnelle, la maison offrait la possibilité, dans certaines pièces, d'être atteinte de l'extérieur facilement. Sa chambre en faisait partie. Ainsi, je n'avais qu'à pousser la porte pour entrer et la voir. C'était d'ailleurs facile, puisque personne ne venait jamais la voir. Elle était seule et je sentais que j'étais son seul soutien.

A cette époque, je me sentais bizarre. Etrange. Je ne voyais qu'une chose... Et puis, j'ai décidé de changer. D'évoluer. Je ne vois pas pourquoi je devrais stagner comme ça tout le temps. Oui, allons de l'avant !

Je n'en croyais pas mes oreilles. Je venais d'apprendre que la jeune fille qui dormait tout le temps venait de se réveiller ! Heureux d'apprendre cette nouvelle-là, je me suis précipité chez elle, tout en restant discret en approchant. On ne savait jamais. Et là, quelle fut ma surprise ! Le chef de famille dans la chambre de la jeune fille qu'il ne venait habituellement jamais voir. Je ne sais pas tellement ce qu'il lui disait, mais çà ne devait pas être gai, vu la tête que la jeune fille tirait. Et puis, lorsque je voulus aller la voir, je me suis aperçus qu'elle était constamment avec le chef de la famille. Celui-ci ne la quittait jamais. C'était très problématique, puisque je mourrais d'envie d'aller la voir, de lui parler. Alors, un jour, après avoir étudié les vas-et-vient du chef, j'ai trouvé un créneau de libre. Prenant sur mon temps de travail, je suis allé la voir. Et pil au moment au je voulais entrer dans sa chambre pour lui dire bonjour, on m'arrêta.
Pour avoir tenté de voir "Hachi"(1), j'avais écopé de deux semaines d'emprisonnement.

Après avoir évolué, je me suis retrouvée dans un monde noir. Vraiment tout noir. Je ne voyais rien que du noir. Et lorsque je tentais de revenir dans le même état que j'étais auparavant, j'étais réveillée. On me disait que comme j'avais choisit de vivre comme ça, je devais aller au bout de mes actes. Et puis, il y avait cet homme. Froid, méchant, sordide, il me disait toutes ces choses... Avec ses propos, je voyais tout en noir. Plus rien n'avait de valeur. Plus d'amour, plus de tristesse, plus de mort, plus de vivant. Tout n'était que néant.

Mais je n'ai pas rien fait durant mes deux semaines d'enfermement. J'ai tenté, par tous les moyens de lui écrire une lettre. Je ne savais pas encore comment lui donner, ni même si elle savait lire, mais je voulais lui écrire, si je ne pouvais lui parler. Tous les jours, je m'appliquais, à tenter d'écrire, bien que mon enfermement du être sans aucune activité. J'avais volé du papier et le gardait caché sous les tatamis de ma chambre. Quand à l'encre...
Durant cette période, je ne voyais qu'une seule personne : le domestique qui m'apportait à manger. C'était un étrange personnage. Je n'arrivais jamais à deviner lorsqu'il allait entrer, et il le faisait si silencieusement, qu'il me prenait toujours par surprise. Plusieurs fois, je crus qu'il m'avait vu écrire, et qu'il allait me dénoncer. Mais étrangement, il ne le fit pas. Pourquoi ?

Je ne pouvais pas rester comme ça sans rien faire. D'autant plus que je venais d'échapper à ma cage, alors autant en profiter. Deux petits jeunes avaient besoin de moi, je me devais de les aider, moi, sixième maudit parmi les huit, le maudit au signe de l'Ange. Anju était mon prénom, et veiller sur quelqu'un était ma malédiction.
C'était d'ailleurs ce que je faisais. Je veillais sur ce petit garçon qui voulait contacter la huitième. C'était à mes risques et périls, puisque je risquais l'enfermement à vie si jamais on me prenait. Mais comme je m'inclinais à chaque rencontre avec le chef, il ne me reconnaissait pas, et comme personne ne me connaissait encore... Je pouvais aider, alors je le faisais. Je voyais ce petit garçon écrire des lettres. Je savais qu'elles étaient pour "Hachi". Et comme je voyais que plus le temps passait, moins le petit garçon trouvait sa lettre correcte, je finis par en prendre une discrètement pour la donner à la demoiselle, à qui j'apportais aussi son déjeuner. Mais c'était une toute autre ambiance dans sa chambre. Alors que celle du garçon était ensoleillée, celle de la demoiselle était noire de ténèbres. On n'y voyait pas grand chose et le rayon de lumière que j'offrais en ouvrant la porte devait être une bénédiction.

Oui, c'était une bénédiction. Ce seul rayon de lumière que je voyais était pour moi un soulagement sans fin. J'arrivais certes à discerner quelques détails dans la pénombre, mais c'était tout. J'étais partie de mon monde de départ pour atterrir ici, et je le regrettais amèrement. Toutes mes tentatives de fuites ayant échouées, je ne cherchais plus à partir. J'attendais de passer encore dans un autre monde. Jusqu'à ce que je trouve quelque chose qui ne devait pas y être dans ma serviette : une lettre. Vous trouverez peut-être ça étrange, mais je savais lire. Et je savais écrire aussi. Le seul problème était de savoir comment répondre. La lettre me toucha, bien que je mis plusieurs jours à la lire. La pénombre de ma chambre était un handicap, mais "sa" présence aussi. Voyant que j'étais complètement sous son emprise, il me laissait un peu plus tranquille, mais il venait tout de même tous les jours. Alors, suite à la lettre envoyée, j'ai décidé d'y répondre.

" Bonsoir !
Je m'appelle Asahi, j'ai 16 ans. Et toi, comment t'appelles-tu ? Je suis très curieux d'en plus savoir car la dernière fois que je t'es aperçue, tu avais l'air très seule...
Sinon, j'aime les compositions florales (tu sais, quand on arrange des fleurs en bouquets), les animaux et dormir au soleil. Et toi, qu'est-ce que tu aimes ? On pourrait partager tous les deux nos passions !
Ah, mais si jamais tu n'y tenait pas, ne répond pas, et je comprendrais parfaitement ! Je te laisserais complètement tranquille, mais si jamais tu veux qu'on continue à communiquer, fais-le moi comprendre, et je tenterais de t'envoyer une autre lettre !
(Glisse ta réponse dans ta serviette, je lui donnerais !)

Ça faisait longtemps que l'on ne m'avait pas demandé. Toujours enfermé, ne servant que pour les sept actuels, on m'avait demandé pour la huitième. C'était vraiment étrange. Je ne voyais pas comment elle pouvait tomber malade en restant toute la journée à l'intérieur. La domestique qui m'emmenait à sa chambre n'avait rien dit. Elle semblait juste choquée. En voyant son visage, je n'ai posé aucune question, mais tout de même, je m'inquiétais.
Avant de la voir, je pensais qu'elle avait bien de la chance de dormir. Elle avait bien de la chance d'être la huitième maudite. Pas comme moi, maudit des plantes, qui n'avait aucune chance d'échapper au pouvoir des autres maudits. Mon nom était Botan, et je me devais d'obéir, comme une simple plante qu'on décide de transplanter. Je pensais qu'en étant la dernière maudite, elle échappait à tous les autres maudits, qu'elle pouvait les dominer. Mais j'avais tort. Et ma surprise lorsque je pénétrais dans sa chambre fut palpable.
Elle s'était ouvert les veines. A l'heure du déjeuner, elle avait pris son couteau et s'était ouvert les veines. Le chef venait juste de la découvrir, deux heures après son acte. Un humain normal aurait déjà perdu tout son sang. Pas elle. Sa malédiction devait la garder vivante. J'avais un peu pitié d'elle.
Lorsque je déclarais qu'il fallait l'emmener à l'hôpital, on me dit que non, qu'elle irait très bien ici aussi. Sans répondre, je renchérissais qu'il fallait alors la faire garder par un garde malade. Non plus, le chef s'occuperait aussi bien d'elle qu'un garde malade. Mais ça, j'en doutais très fortement. Malgré tout, je me taisais et repartait, sans rien dire.

Je n'en croyais pas mes oreilles ! Elle s'était ouvert les veines pour me répondre ! Bien sûr, la version officielle était qu'elle avait voulut se tuer, mais Anju (car il avait fini par m'avouer qu'il avait envoyé ma lettre, et son nom par la même occasion) m'avait dit qu'elle s'était sorti le sang des veines pour me répondre. Je ne pouvais pas vraiment y croire, du moins jusqu'à ce que je lise sa lettre. Et puis, aussi, Anju m'avoua que le médecin était aussi de mon côté, puisqu'il n'avait rien dit au sujet de la lettre. J'étais un peu rassuré, bien que je m'inquiétais tout de même pour "Hachi" (car j'avais fini par l'appeler comme ça, moi aussi, n'ayant aucun autre mot pour la nommer). Est-ce qu'elle allait bien ? Qui s'occupait d'elle ? Et pourquoi n'allait-elle pas à l'hôpital ? Toutes ces questions mes tortillaient l'esprit. Mais mon enfermement allait bientôt être terminé, et je pourrais tenter de trouver une réponse à toutes ces questions très prochainement. J'avais déjà prévu d'aller voir le médecin, et puisque je ne pouvais pas lui répondre, du fait de la surveillance permanente du chef de famille, il fallait réfléchir à un moyen de l'aider et de la sortir de là, car je me doutais bien que le chef n'allait pas lui parler des fleurs dans les champs. Je ne savais pas ce qu'il disait exactement, ni ce qu'il faisait, mais quelque chose me disait qu'il fallait l'éloigner à tout prix d'Hachi.

"Bonjour
Moi, je n'ai pas vraiment de nom, je suis désolée de ne pouvoir vous en donner un. Je ne sais pas non plus ce que j'aime, étant donné que je ne suis jamais sortie de ma chambre. N'hésitez pas à me répondre."


Je savais que j'allais bientôt recevoir de la visite. Et pas de n'importe qui. J'allais voir le garçon qui avait "poussé" Hachi à s'ouvrir les veines. Je ne le tenais pas vraiment pour responsable, mais il n'était tout de même pas innocent. Moi aussi, je voulais le rencontrer, parce que j'avais à lui parler. Mais je savais que cette conversation ne mènerais à rien. On n'avait aucun moyen de pression sur le chef de famille, et si nous le dénoncions aux autorités, il nous aurait, d'une manière ou d'une autre, parce qu'il est le chef, et nous pas.
Ainsi, je l'ai rencontré, et il m'a rencontré. Je lui ai exposé mon point de vue. On ne pouvait aider Hachi. Il n'était pas d'accord avec moi, il fallait juste réfléchir, et trouver une solution plausible. Anju nous espionnait, et se rangea du côté du garçon. Il me fallut prendre une décision. Je les aiderais, mais ce devait être eux qui allaient trouver le plan pour aider la demoiselle en détresse. Moi, je ne pouvais les aider plus que cela. J'en étais désolé, mais c'était ainsi, je n'y pouvais rien.

Botan ne voulait pas nous aider. En même temps, je le comprends, sa malédiction l'enterre en premier lieu, et puis il n'a jamais eu le caractère pour s'opposer au chef. A chaque fois qu'il était réprimé par celui-ci, il ne disait jamais rien. Et même battu jusqu'au sang, il ne protestait jamais. Telle était sa malédiction, et, parfois, il m'arrivait de préférer la mienne, bien qu'elle ne soit pas non plus très joyeuse. Il ne fallait donc que compter sur nous même. J'avais déjà une petite idée sur le moment où l'on pourrait enlever Hachi, mais ça montait à loin, et j'avais peur qu'il ne lui arrive quelque chose avant. En plus, Amaterasu était sur le point de se faire remarquer. Ça faisait longtemps qu'elle ruminait dans son coin, j'avais peur qu'elle fasse une bêtise. En plus, je la voyais réunir les autres maudits, elle avait déjà avec elle Ari (première maudite de la Terre), Doku (troisième maudit des animaux) et Akira (cinquième maudite des hommes intelligents) avec elle. Et c'est en faisant le calcul que je m'en suis rendu compte.

1- Ari, maudite de la Terre
2- Botan, maudit des plantes
3- Doku maudit des animaux
4- ?, maudit des hommes
5- Akira, maudite des hommes intelligents
6- Moi-même, Anju, maudit des Anges
7- Amaterasu, maudite de Dieu
8- Hachi, maudite (même si personne ne le disait, j'en étais sûr) de l'Univers, de l'Infini.

Ainsi, il ne manquait que le quatrième maudit. Personne ne l'avait jamais vu. Personne n'avait entendu parler de lui. Et même nous autres maudits que presque personne ne voyait dans la famille, ni ailleurs, ne savions pas qui il était. Alors, qui pouvait bien être le quatrième maudit ?

J'avais un plan. Un plan parfait. Je sentais qu'il fallait le mettre vite en place, parce que la situation actuelle ne pouvait pas durer longtemps. Le septième maudit refusait pour l'instant de m'obéir, mais je savais qu'il reviendrait : c'était sa malédiction. J'avais pris les autres maudits à partit, et tous étaient motivés pour se débarrasser du quatrième maudit. Je leur avaient juste dit à eux, même pas au septième, la véritable identité du quatrième. Personne ne pouvait le soupçonner, et Ari a faillit faire une crise après la révélation. Quelle fille fragile ! Il ne me restait qu'à convaincre Botan. Je pensais qu'il refuserait et qu'il faudrait plaidoyer pendant des heures, mais à mon grand étonnement, il accepta tout de suite, sans poser de conditions. Nous avons revu quelques détails du plan, mais dans l'ensemble tout lui semblait correct. Mais à ce moment, une dame vint demander poliment que le médecin aille voir une patiente. Je le laissais à ses occupations, sans me douter qu'il faudrait avancer un peu la date de notre plan...

Voilà qu'on venait de m'appeler alors que la septième maudite avait eut la même idée que le garçon. Mais son plan était mieux organisé. Elle avait tout préparé, alors que le gamin voulait parier sur le hasard. Je n'avais pas eu le temps de lui dire, et le calme de l'infirmière qui était venue me chercher ne m'inquiétait pas. La seule chose qui m'affola, c'est lorsque je découvris que c'était encore chez la huitième maudite que nous allions.
La chambre était dans l'obscurité la plus totale. Il fallut que j'allume une bougie pour ausculter la pauvre fille, encore allongée dans son futon. Je ne pouvais pas allumer tout bonnement la lumière, parce que ses yeux n'y étaient plus habitués : j'aurais pu la rendre aveugle. Enfin, c'était ce que je pensais quand je découvris avec horreur, qu'elle l'était déjà. Pas la peine de faire de diagnostique, je savais déjà pourquoi. A force d'être enfermée, elle ne savait plus voir, tout bonnement, et le traitement du chef de famille ne pouvait qu'aggraver son cas. Je ne savais pas comment la soigner, dans l'endroit où elle était. Sur ces faits, je fis quelque chose que je ne faisais jamais avant. Je suis parti, sans donner d'explication, sans dire ce qu'elle avait, juste qu'il fallait la laisser tranquille, et surtout, surtout, je suis sorti sans l'autorisation du chef, qui, bien sûr, se trouvait là. Tout de suite après, je réunissait le garçon, la septième maudite, et nous exécutions le plan. Il fallait faire vite. Nous ne comptions pas sortir du domaine familial, ça aurait été un enlèvement au yeux des autorités, et nous avions déjà suffisamment d'ennuis. Mais comme nous savions que l'état de la pauvre fille mettrait tout le monde en pitié, personne ne la dénoncerait au sein de la famille, surtout si nous nous cachions dans les tréfonds des propriétés, dans les maisons secondaires que personne n'utilise. Amaterasu en avait déjà louée une. Il ne restait plus qu'à y aller. En priant pour qu'elle puisse guérir.

Je connus enfin mon rôle dans l'histoire. Je savais ce que j'allais faire, quel service j'allais rendre. Ma malédiction prenait enfin tout son sens. Ce ne serait sûrement pas agréable, mais je m'en moquais. Je me fichais des conséquences comme de l'an quarante. A ce moment, rien n'avait plus d'importance, et je n'ai jamais regretté ce que j'ai fait. Par la suite, on m'apprit que tous les maudits étaient allés voir Hachi. J'étais heureux de cette fin, parce que c'était ce qui devait arriver. Amaterasu savait qui était le quatrième maudit, mais elle ne me l'a pas dit. Je ne lui en veut pas, bien que n'importe qui aurait pu normalement être blessé de cette confidence. Mais moi, j'étais maudit. Aussi, je me taisais et faisait plaisir autant à moi-même qu'au reste du groupe en réalisant l'acte le plus important de ma vie.


Je suis allée voir la huitième maudite de ma famille. En tant que première maudite, c'était tout de même mon devoir. Doku et Akira sont venus avec moi. On a appris qu'elle était aveugle, et c'était aussi pour la consoler un peu que nous sommes allés lui rendre visite. C'était très dur, surtout pour moi de ne pas retenir mes larmes. J'ai pleuré tout le temps. Akira me regardait avec des yeux affreux, mais je m'en moquais bien, qu'elle ai honte de moi. Elle m'a frappé après, mais ça n'a fait que redoubler mes pleurs. J'en avais marre de faire croire que j'étais forte. Doku n'a rien dit, rien fait. Il n'a pas pleuré, un vrai type insensible. Je lui en veut, maintenant. J'espère que maintenant que nous sommes sortis, il pourra apprendre à un peu mieux vivre en société.

Nous sommes allés voir Hachi, avec Aki et Akira. Aki n'a pas arrêté de pleurer. Moi, je m'en fiche bien, je ne sais même pas ce qu'elle représente. L'Univers ? Qu'est-ce c'est ? En tout cas, elle m'a parue sympathique, c'était la première fois que je voyais quelqu'un qui ne voyait pas. C'était étrange comme impression. Aki me reproche sûrement d'être apathique, mais je m'en moque. Il y a trop de chose que je ne comprend pas pour m'en offusquer. Pourquoi a t-elle pleuré ? Je ne le sais même pas...

La visite à Hachi était vraiment trop triste. J'ai grondé Aki parce qu'elle a pleuré, mais surtout parce qu'elle a pleuré devant Hachi. Je ne sais pas si elle a compris, mais j'espère lui avoir fait passer le message. Elle est aveugle, pas sourde ! Mais décidément, cet entretient là à surement été le plus dur de tout ceux que j'ai jamais vécu.
Elle n'a pas arrêté de parler de montagnes, de la mer, des oiseaux, des poissons, toutes ces choses qu'elle aimerait voir maintenant qu'elle est sortie. Elle aimerait pouvoir marcher sans avoir peur de se cogner, voir où elle met les pieds. Connaître nos visages. Savoir à quoi nous ressemblons. Je ne l'ai dit à personne, mais j'ai fini par pleurer, toute seule, dans ma chambre, le soir venu.
Le sixième maudit à disparut. C'est étrange. Et quand je pose la question à Botan ou a Amaterasu, ils ne me répondent jamais. Un petit garçon vit parmi nous, et colle les baskets à Hachi. Elle n'a pas l'air de trouver ça désagréable. On raconte que c'est grâce à lui qu'elle est là. Mais je sens que le malheur va arriver. On ne peut pas rester comme ça, heureux. Nous sommes maudits. Mais ça, je dois être la seule à m'en souvenir, personne n'y fait allusion. Amaterasu nous a dit l'autre jour, qui était réellement le quatrième maudit. Je ne lui ai pas dit que c'était mon frère, peut-être ne m'aurait-elle pas crue.

J'ai dit adieu au sixième maudit. Il m'a répondu qu'il aurait été content de se marier avec moi. J'ai répondu que ce n'était pas possible. Et il a renchérit qu'on ne disait pas ce genre de chose aux morts. Je me suis excusée. Il a servit d'appât pour faire sortir Hachi de sa chambre. Maintenant, on ne nous trouvera plus, nous vivrons heureux : mais sans Anju. C'était son destin : se sacrifier pour moi. Nous le savons, nous tous, les maudits, mais je n'ose pas encore le dire tout haut. Peut-être n'est-il pas encore mort ? Mais dans ce cas-là, il doit souffrir le martyr ! Je m'en voulais de le laisser comme ça, mais c'était son sort ! Je ne pouvais rien changer maintenant, et je gâcherais la paix de tout le monde. Hachi fait de la peine à tout le monde en parlant de ce qu'elle aimerait voir de ses propres yeux. Mais les choses semblent s'améliorer. On commence enfin à discuter avec les autres. J'apprends à jardiner, ce n'est pas facile, et c'est épuisant ! Aki fait un thé merveilleux, et je suis heureuse d'en prendre un après une après-midi épuisante. Je ne sais pas comme Asahi fait pour faire le double de ce que je fais, tout en étant moins fatigué que moi. D'ailleurs, je le trouve partout ces temps-ci. Au jardin, avec les fleurs ou les légumes, et avec Hachi. A croire qu'on ne peut pas les séparer.

A vrai dire, cette période de ma vie reste très floue. Peut-être parce que je ne voyais pas. En même temps, c'est comme si je n'avais jamais vu, puisque c'était la première fois que je sortais de ma chambre, et je ne voyais rien. C'était le chef de famille, ce quatrième maudit, qui m'avait tout ce temps enfermée. C'est Amaterasu qui me l'a dit. Akira m'a confié que c'était son frère. Je l'avais un peu deviné. J'étais souvent avec Asahi, ce qui me faisait très plaisir, et je pouvais parler à mon médecin quand je voulais. Non pas parce qu'il s'occupait de ma santé, mais parce que je l'aimais beaucoup. J'ai rencontré beaucoup de gens, tous gentils. Je voyais bien que je leur faisait de la peine en parlant de chose que j'aurais aimé voir, mais le seul qui comprenait véritablement mes intentions, c'était Asahi. Je voulais juste qu'on me décrive le monde dans lequel je vivais. C'était tout. Les détails étaient plutôt flous, de quoi me parlait-il ? Et puis, comment étais-je sortie ? Je ne me souvenais plus...
Mais ça y est ! Je me souviens ! Je me souviens ce qui s'est passé après... !

Mais après...
     Ce fut si brusque !
Moi-même je ne pouvais pas y croire
     Je lui ai répété trois fois, c'était peut-être trop...
A bien réfléchir, c'était censé...
     J'ai mis du temps avant de comprendre que c'était vrai...
Je fus si triste de l'entendre de sa bouche...

Elle est morte. Hachi est morte. La huitième maudite s'est rendormie pour toujours. Il m'a fallut le dire aux autres maudits. Seul Anju ne sera jamais au courant. Certains étaient si désemparés qu'ils faillirent la rejoindre. On dut faire deux enterrements cet été-là. Celui d'Anju, mort sous par la main du quatrième maudit, et Hachi, ma si chère Hachi, qui n'eut même pas le temps de gouter la vie qu'elle était censée gouverner par sa malédiction. Le conseil de famille s'est réunit, et il a été décidé qu'à partir de maintenant, seul le huitième maudit  pourrait gouverner la famille. Le problème, c'est que tous les maudits savent qu'ils sont les derniers. A partir de ce moment, tout le monde fut maudit. Même ceux de l'extérieur...
     

___________

Notes :

(1) : Hachi signifie huit en japonais.



20/03/2009
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