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Dies Contemptio (1)

Laissez-moi résumer ma nouvelle idée : faire (cette fois-ci) de vraies longues histoires. Je crois que La fille de l'air a eu son petit succès, alors je vais essayer avec une autre histoire. Je sais qu'on peut facilement me dire que j'ai commencé beaucoup d'autres histoires que je n'ai pas finies, et que je devrais plutôt finir celles-là avant d'en commencer une nouvelle. Je vous répondrai : zut. Mieux vaut faire bien les choses qu'on aime plutôt que de se forcer à faire mal quelque chose que la morale, la politesse ou quelque chose comme ça nous obligent à faire. Une histoire, c'est un coeur, et un coeur qui n'est pas sincère ne vaut rien.

Voici ma nouvelle grande histoire : Dies Contemptio !

 

 

 

Tout d'abord du noir. Une ombre glissait discrètement derrière les maisons du village, invisible. Le village dormait encore, tout était paisible. La nuit enveloppait de son manteau l'existence de tout être, le sommeil gouvernait les hommes et les ténèbres protégeaient leurs ennemis. Dans le silence, quelque chose cherchait à avancer. C'était indécis, incertain. C'était pressé et discret. Cette chose voulait échapper aux regards. Elle était venue de la forêt, et elle se dirigeait vers le château.

Jean marchait dans la rue. Il avait bien bu ce soir-là, il ne marchait pas droit. Il avait mangé son salaire du jour, sa femme allait le tuer. Il n'était donc pas très pressé de rentrer ; il traînait, finissant la bouteille de vin rouge qu'il tenait à la main. Jean était un bon buveur : non seulement il pouvait boire énormément, mais encore l'alcool ne lui faisait aucun mal, il le rendait jovial. Il pardonnait à tous ses ennemis, offrait des tournées (qu'il ne pouvait pas payer), parlait du bon vieux temps de ces événements que tout le monde aime ressasser, enfin bref, il mettait tout le monde à l'aise. L'aubergiste l'aimait bien pour ça : quand il était bourré impossible que la soirée finisse mal. Jean avait bu plus que de coutume ce soir-là. Il fredonnait un petit air guilleret sur le chemin, pour oublier sa femme. A l'angle d'une rue, il croisa une étrangère.

L'ombre s'arrêta. Ces yeux qui la fixaient étaient comme une lumière qui brillaient sur son obscurité. C'était la flamme dans la nuit, les tambours dans le silence d'une crypte. Ces yeux n'étaient pas sobres, mas ils étaient clairvoyants : l'homme se mit à crier à pleins poumons, à donner l'alerte, à réveiller tout le village. Alors l'ombre se mit en colère. Jusque là, elle voulait passer sans faire de vagues. Jusque là, elle gardait sa rancœur, sa haine pour tous ces pécores. Elle les détestait tous, mais elle n'avait pas décidé de leur faire du mal. Cependant, cet ivrogne était passé par là. Il l'avait regardée d'un air béa, comme s'il ne comprenait pas, tout d'abord, et puis son regard était devenu intense. Il allait l'accuser et elle ne pouvait le supporter. Elle devint volcan et ses propres yeux jetèrent des flammes ; l'homme s'embrasa et disparut en hurlant. Elle se hâta ; elle n'avait plus le temps. D'autres vinrent, et ils s'embrasèrent comme le premier. Les hommes mirent le feu aux maisons, et dans la panique l'ombre put enfin être discrète. Elle détestait ces paysans aussi stupides qu'insouciants, ruminant dans leur fumier les idées fausses données par ceux d'en haut... mais elle n'était pas venue pour eux, elle devait se le rappeler. Ces moins-que-rien se mettaient toujours en travers de son chemin... et périssaient à cause de leur bêtise. L'ombre marchait résolument vers le château. Elle ne pouvait pas voir les pauvres. Elle exécrait les riches. Le mal croissait dans ses yeux à mesure qu'elle y pensait. Un mal qu'elle était là pour assouvir, pour apaiser... Une douleur du fond de sa poitrine, un cancer des sentiments. Elle passa la grande porte. Elle s'engouffra dans les premiers étages. A présent, il était hors de question que quiconque puisse s'échapper. Méthodiquement, elle trouva tous les domestiques et leur ôta le poids de la vie. Aux gardes aussi.

C'était ce moment qu'elle préférait. Les aristocrates dormaient bien tranquillement, et ignoraient tout de ce qui était en train de se passer. Ces anges que le ciel aime tant étaient à sa merci. L'ombre regarda ses mains, couvertes de sang jusqu'aux coudes. Le rouge et la mort, coagulés sur sa peau. Son œuvre. Tout ce sang était une cathédrale qu'elle élevait à a gloire des dieux. « A la gloire des dieux ! » cria-t-elle dans un rire, et elle brisa la nuque d'un enfant.

Eyma se réveilla en sursaut.

-Ah ! Quel affreux cauchemar !

 



24/01/2014
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